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Pseudo-lesbienne : une posture ?  

Thor20024 62M
1 posts
4/12/2017 3:48 pm
Pseudo-lesbienne : une posture ?


UN BLOG ÉCRIT PAR :
Les 400 culs
Agnès Giard. Auteure de livres, journaliste et docteur en anthropologie, Agnès Giard a d'abord travaillé sur les nouvelles technologies, les artistes underground et la<b> culture </font></b>populaire japonaise avant de s'intéresser aux sexualités. En 2000, elle devient correspondante du magazine japonais SM Sniper et y collabore pendant plus de dix ans. En 2003, elle publie un livre d'art au Japon : Fetish Mode puis entame une série de recherches qui seront publiés en collaboration avec des artistes contemporains japonais tels que Tadanori Yokoo, Makoto Aida, Toshio Saeki, etc. premier ouvrage, L'Imaginaire érotique au Japon, traduit en Japonais, est classé au 4e rang des meilleures ventes de livres étrangers. Suivent un dictionnaire (Dictionnaire de l'amour et du plaisir au Japon) puis un livre de design répertoriant objets de culte, gadgets et sextoys étonnants (Les Objets du désir au Japon). Agnès Giard publie ensuite, grâce à la Villa Kujoyama, une anthologie critique : Les histoires d'amour au Japon. Des mythes fondateurs aux fables contemporaines. Le prochain livre à paraître – fruit de trois ans d'enquête dans le cadre d'un doctorat à l'Université de Nanterre – portera sur les love dolls… prélude à de nouvelles recherches sur le lien entre les poupées, l'amour et la mémoire au Japon. Agnès Giard est maintenant chercheuse rattachée à l'Université de Paris Ouest, laboratoire Sophiapol (EA 3932), groupe de recherches "socio-anthropologie de la sexualité".

Quand Madonna embrasse Britney et qu’Aguilera affirme être bisexuelle… c’est excitant ? Oui, mais pas que. Dans le livre d’art intitulé Lesbiennes pour hommes, Dian Hanson décrypte l’origine de ces «postures» lesbian-friendly qui font maintenant tendance.
Dans les clubs échangistes en France, toutes les femmes sont bisexuelles. C’est «si moderne et tellement cool», se moque Dian Hanson, éditrice de la collection sexy aux éditions Taschen. C’est si moderne que beaucoup d’hétérosexuelles se font un devoir de mimer l’extase quand leur mari ou petit copain les pousse dans les bras d’une autre : «Vas-y chérie, lèche-là». Faisant mine d’apprécier ces minauderies les voilà qui se lutinent pour le plaisir de leurs mâles respectifs, trop fiers de pouvoir dire : «Ma nana, elle est pas coincée.» Dans ces clubs soi-disant «libertins», les femmes broutent pour montrer qu’elles sont libérées. Les hommes en cercle regardent… «et tant pis si la porte de ces mêmes clubs reste fermée aux hommes bisexuels.» Dans un ouvrage ironiquement intitulé Lesbians for men, Dian Hanson pose la question : «Qu’y a-t-il dans le spectacle de deux femmes s’embrassant, se caressant et s’enlaçant qui stimule l’imagination ?» On pourrait croire que Dian Hanson se contenterait de dénoncer le machisme de ces mises en scène faites pour plaire aux mâles. Mais non. Plus subtilement, elle accuse aussi les femmes, responsables du mythe selon lequel il est tout naturel d’aimer les minous quand on est l’heureuse propriétaire d’une chatte.

«My girlfriend’s girlfriend, she’s my girl 2»

Si les femmes jouent aux lesbiennes, elles le font souvent pour de faux, en écho au fantasme, si séduisant (pour leur conjoint) du plan à trois. Voire du plan à quatre, cinq etc. «Une femme : bien. Deux femmes : mieux. Plus de femmes : super génial». C’est l’image du harem, bien sûr, qui fait rêver certains hommes, avides d’imaginer que leur épouse soit la porte d’entrée d’un royaume uniquement peuplé de filles, toutes disponibles, et sans aucun rival à l’horizon. Dian Hanson rappelle utilement que le mot «lesbienne» est inventé au XIXe siècle par allusion à «l’amour saphique de Lesbos, même si la légendaire préférence de Sappho pour les femmes est aussi une construction moderne. Dans la<b> culture </font></b>grecque classique, elle était décrite comme une prédatrice sexuelle des hommes, avec un goût particulier pour la fellation. Le mot “lesbienne” désignait alors une femme qui aimait la pipe et, par extension, aimait tant le sexe qu’elle tournait sa bouche vers les femmes quand tous les marins étaient en mer.» Aux origines du lesbianisme, il y a donc un fantasme masculin qui invalide la préférence que certaines femmes ont pour le même sexe : si les femmes le font entre elles, c’est toujours un peu par défaut ou en guise de préliminaires. La plupart des mises en scène dites «lesbiennes» («lez», en argot) ont la valeur de simples «mise en bouche», déléguant le cuni au rang de pratique accessoire, situé bien en-dessous de la pénétration dans la hiérarchie des plaisirs. Voilà pourquoi les modèles ont si souvent l’air en demande quand elles s’agacent réciproquement : il s’agit de mettre en scène deux frustrées qui attendent l’Homme, bien plus que deux amantes qui se repaissent l’une de l’autre.

Femmes entre elles : l’érotisme des faux-semblants

Explorant l’imagerie de l’érotisme pseudo-lesbien (dont livre fournit un très riche et beau corpus), Dian Hanson dresse un panorama historique des «taquineries» entre filles, avec un sens aigu de la mise en perspective. Dès les premières lignes de introduction, elle attaque : «les femmes couchent avec d’autres femmes pour le plaisir des hommes depuis une bonne centaine d’année.» En photo, tout du moins, c’est un fait avéré : la plus ancienne image de deux femmes qui «fricotent» (un baiser) remonte à 1865. C’est en tout cas le plus vieux cliché du genre que Dian soit parvenue à retrouver, parmi une énorme production de clichés anciens et osés dont Lesbians for men fournit un bel aperçu : «La première carte postale photographique date du 6 mai 1889, avec la Tour Eiffel comme sujet. La première carte postale de nu parut également à Paris aux alentours du 7 mai de la même année», immédiatement suivie d’une intense production de «femmes en train de s’embrasser, de se caresser ou de se livrer à des cunilingus». Dans l’atmosphère moralement relâchée des années 20, cette production monte en flèche tandis que l’Allemagne, l’Autriche et la Tchécoslovaquie entrent dans le jeu. Les studios se multiplient jusqu’à la reprise en main moralisatrice, déclenchée d’abord par la grande dépression puis par la montée des fascismes. Le porno est «antipatriotique», souligne Dian Hanson et à l’aube de la seconde guerre mondiale, les photographes mettent la clé sous la porte… puis reviennent ensuite bien vite à la faveur de la «révolution sexuelle» : les duos d’aventurières sexy envahissent les pulps vers la fin des années 1960. Après quoi, les choses se compliquent… car viennent «1970 et le mouvement féministe».

Quand le lesbianisme devient une forme d’action politique

Ainsi que Dian Hanson le souligne avec lucidité, le fantasme de la lesbienne n’enflamme pas que les hommes : les femmes aussi y succombent. Tout commence en 1974, dit-elle : «L’artiste Betty Dodson écrivit Liberating Masturbation (1974) et réunit des cercles féminins dans appartement new-yorkais pour apprendre aux femmes à situer, puis à stimuler leur clitoris, et à embrasser la sonorité sexuelle. La même année, Jill Johnston publia Lesbian Nation, qui postule le sexe entre femmes comme impératif féministe ; de Berkeley à Barnard, des jeunes filles consciencieuses répondirent à appel, convaincues, comme l’affirmait le magazine séparatiste lesbienne Furies que “[les lesbianisme] n’est pas une affaire de préférence sexuelle, mais plutôt un choix politique que toute femme doit faire si elle veut être identifiée comme une femme à part entière et par là même mettre fin à la suprématie masculine”. Pour les filles hétéros des années 1970, l’expérience bisexuelle représentait le pouvoir et l’aventure, un pied de nez à l’homme et à ceux qui désapprouvaient.» Pour toute une frange de féministes radicales, aux Etats-Unis, la sexualité se choisit et relève du militantisme. Dans le but d’éliminer les mâles, elles affirment donc préférer les femelles et vouent aux gémonies l’usage du gode (phallique), qui ne colle pas avec leur doctrine. Ces extrémistes imposent l’idée que jouir peut émanciper, mais attention, pas n’importe comment.

Pour combattre les «porcs sexistes», les femmes la jouent «lez»

En 1971, Dian Hanson avait 19 ans. Elle se rappelle que mari lui-même était captivé par «toute cette histoire de lesbiennes si captivante». Pour lui plaire et surtout pour coller à l’esprit du temps, Dian Hanson s’était coupé les cheveux. Il fallait avoir l’air bi. «Autour de moi, des quantités de femme ont été poussées et incitées à se tourner vers la chatte, d’abord par le féminisme, puis par leurs maris et petits amis, l’industrie émergente du porno, et même la communauté scientifique qui se mit à considérer la bisexualité comme l’état naturel de la femme.» A l’époque, il n’était plus question que de naturel, se rappelle-t-elle : la femme se devait d’avoir «une nature innée» (sic) fortement aimantée par les choses douces comme les fleurs, la laine, les tricots en angora, les musiques douces, les boissons au miel et les réunions entre «soeurs» pour célébrer la beauté de l’utérus… Problème : durant les années 1980, les actrices devinrent des «porn-stars», mimant volontiers le sexe lesbien, réintroduisant du patriarcal dans ce que les militantes avaient tenté de s’approprier. «Les féministes mirent fin à leurs séances de masturbation collective et commencèrent à protester contre l’industrie du X». Aux Etats-Unis, bien que le lesbianisme ait cessé d’être assimilé à un choix d’ordre politique, l’image des guerrières bisexuelles est restée, avec pour conséquence : une propagation de bises-bi et de buzz. «Au cours des dix dernières années, Cristina Aguilera, Azealia Banks, Drew Barrymore, Cara Delvingne, Cameron Diaz, Fergie, Megan Fox, Lady Gaga, Amber Heard, Angelina Jolie, Miranda Kerr, Kesha, Bai Ling, Lindsay Johan, Madonna, Demi Moore, Ana Paquin, Michelle Rodriguez, Amber Rose et même Snooki et JWoww ont fièrement annoncé leur bisexualité.»

A quand les hommes libérés, offrant leur anus par conformisme ?

Dian Hanson ne les accuse pas de mentir bien sûr. Elle souligne juste que, bizarrement, cette explosion de coming out survient au bon moment. La série The L World, entre 2004 et 2009, raconte les aventures d’un groupe de copines exceptionnellement séduisantes. En 2010, apparaît la série canadienne Lost Girl (Baiser fatal) sur une ado succube bi. La chaîne anglaise Channel 4 lance Bi-curious Me, en 2013 et les séries à succès actuellement diffusées aux USA – The good wife, House of lies et Orange is the new black– suivent toutes les aventures d’héroïnes bisexuelles fortes, belles et ambitieuses. Toujours magnifiques, ces créatures. Toujours environnées d’un subtil parfum de transgression… C’est si beau à voir une femme libre. Mais la femme en question aime-t-elle réellement ça ? Ou s’improvise-t-elle bi par conformisme ? Dans les faits, il semblerait que le nombre de bisexuel(le)s soit très faible, insiste Dian Hanson. «Mais gardez espoir : on ne sait pas jusqu’où cette histoire peut nous mener, avec les encouragements des mass media. Considérez simplement le parcours de cette ultime construction médiatique qu’est Miley Cirus : photographiée à 14 ans en train d’embrasser une fille pour de faux, puis d’y mettre la langue dans Britain’s got talent à 17 ans, pour ensuite révéler sa bisexualité à petit ami à 21 ans (ce qu’il trouva “super excitant”) et l’annoncer au monde entier à 22 ans.» En 2015, Miley déclara au magazine Out qu’elle voulait rester «“libre d’être tout”, indiquant que identité sexuelle était fluide, ce qui est totalement dans la tendance». Parions que Miley posera bientôt en couverture de GQ avec copain et le petit copain de copain

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